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Agriculture/Elevage : Bien produire, produire durablement
23 octobre 2013

les pesticides : couteau à double tranchant

DEFINITION

Un pesticide est toute substance ou association de substances destinées à repousser, détruire ou combattre les ravageurs, les vecteurs de maladies et les espèces indésirables de plantes ou d’animaux causant des dommages ou se montrant autrement nuisibles durant la production, la transformation, le stockage, le transport ou la commercialisation des produits alimentaires, des produits agricoles, du bois et des produits forestiers non ligneux.[1]

Il existe plusieurs types de pesticides comme les herbicides (lutte contre les mauvaises herbes) ; les fongicides (lutte contre les champignons) ; les insecticides (lutte contre les insectes), les nématicides (détruisent les nématodes)... Les pesticides sont également classés en fonction du groupe chimique. On recense ainsi les pesticides Inorganiques (ne contiennent pas de carbone. Ex : arsenic), Organiques (contiennent du carbone et sont dits de synthèse car fabriqués par l’homme. Ex : Organophosphorés, Carbamates), Botaniques (obtenus à partir des extraits des plantes, tels que la Roténone), Biologiques / Microbiens (Contiennent les bactéries, les champignons, protozoaires ou virus tels que Bacillus thuringiensis).

IMPACTS SUR LA SANTE ET L’ENVIRONNEMENT

L’utilisation des pesticides entraîne très souvent la contamination de l’eau, de l’air et du sol. Les pesticides affectent également les organismes non visés par leur application et entrainent la perte de la biodiversité.

En effet, la mauvaise utilisation des pesticides favorise la contamination des eaux superficielles par le biais des eaux de ruissèlement, l’érosion des sols et la pollution des eaux souterraines grâce au processus d’infiltration.Le transfert des pesticides dans l’atmosphère peut survenir au  moment du  traitement par dérive (transport par le vent), par évaporation des gouttelettes, ou bien après traitement, par volatilisation depuis la surface d’application ou par érosion éolienne. Les pesticides peuvent également dégrader la texture des sols et favoriser la destruction des micros organismes du sol avec pour conséquence une baisse de la fertilité.

En ce qui concerne la santé, les populations peuvent être exposées aux pesticides par trois voies :

§  Par inhalation des composés émis dans l’atmosphère (gaz, particules) ou remis en suspension après dépôt sur le sol ;

§  Par ingestion d’aliments ou d’eau contaminés ;

§  Par contact cutané avec les substances polluantes résultant du dépôt de particules, sur la peau ou les vêtements, ou de l’immersion dans un milieu liquide contaminé.

Les effets des pesticides sur la santé humaine peuvent être classés en trois principales catégories :

Les effets aigus. Ils sont le plus souvent dus à une durée d'exposition courte, une absorption rapide du pesticide et l'apparition immédiate de symptômes. Ils sont ceux qui se produisent immédiatement après l'exposition, en quelques minutes ou quelques heures. La bouche, la gorge et l'estomac peuvent être brûlés, ce qui rend difficile manger et boire. Les poumons peuvent être brûlés entrainant une mauvaise respiration. La peau peut s’irriter, avoir des irruptions, se craqueler ou avoir des démangeaisons.

 

 

Les effets retardés sont des maladies ou des blessures qui n’apparaissent pas immédiatement, mais qui peuvent prendre des années pour se manifester. Ils sont causés par l'exposition répétée à un pesticide, à un groupe de pesticides, ou à une combinaison de pesticides sur une longue période de temps, ou même une seule exposition à un pesticide peut provoquer une intoxication qui ne devient apparente que beaucoup plus tard. Les effets retardés comprennent le cancer et d'autres dommages aux organes internes. Des risques similaires existent, causés par d’autres substances comme le café, le tabac et l'alcool si les expositions sont assez élevées au cours du temps.

 

Les effets allergiques sont des réactions développées par certaines personnes, après une exposition aux pesticides. Par exemple, certaines personnes souffrent de rhume à cause du pollen circulant dans l'air, tandis que d'autres n’en souffrent pas. Les effets allergiques nécessitent généralement plusieurs expositions avant qu'elles ne deviennent apparentes. Les réactions typiques sont l'asthme (difficultés respiratoires), l'irritation de la peau (rougeurs, cloques, plaies ouvertes), ou l’irritation des yeux et du nez (démangeaisons, larmoiements et éternuements).

Au regard des conséquences négatives susceptibles d’être occasionnées par un usage inapproprié des pesticides, une règlementation a été mise en place pour encadrer leurs utilisations.

 

LES BONNES PRATIQUES

La mauvaise manipulation des pesticides peut engendrer des dégâts irréversibles sur la santé et l’environnement. Les risques sont accrus durant la commercialisation et l’utilisation des pesticides. Des règles scrupuleuses doivent par conséquent être respectées pendant ces étapes.

a.   La commercialisation des pesticides.

Les règles à adopter durant la phase de commercialisation des pesticides se situent autour de nombreuses activités notamment le conditionnement et l’entreposage. Les précautions à prendre sont les suivantes :

ü  Eviter de vendre les pesticides non homologués ;

ü  Eviter de vendre un pesticide mélangé ou imprégné à un fertilisant ;

ü  Eviter de vendre un pesticide dans un emballage regroupant plus d’un contenant de pesticides (ex. emballage regroupant un herbicide et un insecticide) ;

ü  commercialiser et utiliser les pesticides dans leurs emballages et étiquettes d’origine ;

ü  Eviter de vendre un pesticide en vrac ou à l’étalage ;

ü   Tous ceux qui entreposent des pesticides doivent le faire dans un lieu où les conditions ambiantes ne sont pas susceptibles d'altérer le produit ni son emballage, et de manière à ne pas laisser son contenu se répandre dans l'environnement.

ü  Eviter d'entreposer un pesticide à proximité d'un cours ou plan d'eau, d'une installation de captage d'eau, etc. ;

ü  Il n'est pas recommandé d’entreposer des pesticides  à l’intérieur d’une zone inondable.

ü  Les pesticides doivent être entreposés dans un lieu doté d’un aménagement de rétention (un plancher, une plate-forme ou un bassin étanche) qui vise à retenir toute fuite ou tout déversement de pesticides et à les récupérer entièrement ;

ü  Sur les lieux d’entreposage des pesticides, de l’équipement ou du matériel adéquat (sable, sciure, etc.) doit être disponible pour stopper une fuite ou un déversement de pesticides.

ü  Les produits phytosanitaires sont tenus à l’écart des  produits destinés à l’alimentation de l’homme ou des animaux ;

ü  Le local (ou armoire) de stockage doit être fermé à clef, suffisamment éloigné des habitations et des bureaux, aéré ou ventilé et dépourvu d’humidité.

 

b.  L’utilisation des pesticides

L’application des pesticides est une phase ou le risque est le plus élevé. Il est par conséquent vital de prendre des précautions particulières durant tout le processus de traitement qui part de l’achat du pesticide jusqu’au rangement du matériel après utilisation.

 

ü  Lire l'étiquetage et la fiche de données de sécurité du produit ;

ü  Traiter avec des conditions météorologiques optimales (un vent inférieur à 10 km/h, tôt le matin ou en fin de journée, pas de prévision de pluie importante à court terme.) pour augmenter l’efficacité du traitement et réduire les risques de pollution ;

ü  porter des équipements de protection constitués notamment de gants, lunette ou visière de protection, un masque à cartouche filtrante, des vêtements de protection imperméables et une paire de bottes.

ü  Ne pas fumer, boire ou manger pendant tout le processus de manipulation des pesticides ;

ü  Vérifier le bon fonctionnement du matériel avant son utilisation ;

ü  Préparez la bouillie à l’extérieur de la zone à traiter, sur une zone à moindre risque (zone plane, isolée, etc.) ;

ü  Manipuler les produits avec des ustensiles réservés à ce seul usage (seaux et entonnoirs marqués) ;

ü  N’utiliser que la quantité de pesticide nécessaire pour l’opération à réaliser.

ü  Prévoir une réserve d'eau à proximité afin de se laver la peau en cas de projection accidentelle et après pulvérisation ;

ü  Éviter au maximum d'entrer dans le nuage de produit pulvérisé ;

ü  Nettoyer et ranger soigneusement le matériel en le rinçant plusieurs fois. Les eaux de lavage ne doivent en  aucun  cas rejoindre les égouts, cours d'eau, puits, étangs,etc. Les dispersées sur la surface traitée ;

ü  Rincer les emballages vides et les stocker. Ils ne doivent jamais être abandonnés dans la nature, ni laissés à la portée des enfants ou des animaux ;

ü  Les emballages ne doivent pas être utilisés comme des récipients pour des aliments ou des boissons. ;

ü  Se doucher et changer de vêtements à la fin de toutes les activités relatives au traitement.

 

CONCLUSION

L’utilisation des pesticides s’intègre de plus en plus dans les habitudes de Camerounais. Cependant, ces substances utiles sont potentiellement destructrices pour l’environnement et la santé des populations. Il est donc primordial que l’ensemble des acteurs impliqués dans la manipulation des pesticides adopte des comportements responsables. Le respect de quelques précautions d’usage peut contribuer à limiter les impacts négatifs des pesticides. Chacun à son niveau est interpellé, car c'est la somme des actions individuelles qui produira des changements positifs en faveur de notre environnement. Il est également important de souligner que les alternatives aux pesticides chimiques existent notamment la lutte biologique qui consiste à combattre un ravageur ou une maladie par l’utilisation ou la promotion de ses ennemis naturels

 



[1]Loi n° 2003/003 du 21 avril 2003 portant protection phytosanitaire

 

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